Dans la petite ville de Cideville, en Normandie, un étrange phénomène secoua la communauté au milieu du XIXe siècle. Thorel, un berger local connu pour ses dons de prémonition, semblait être à l’origine de troubles surnaturels qui bouleversaient le calme habituel du presbytère. Là, des objets lévitaient sans explication, des pierres volaient comme lancées par des mains invisibles, et des voix gémissantes brisaient le silence de la nuit.
Pour tenter de briser ce maléfice, un résident du presbytère, armé de longues pointes de fer, entreprit une démarche peu commune. Avec l’aide de ses amis, il frappa l’air, provoquant des étincelles dans l’obscurité. À chaque coup, des gémissements s’élevaient, et on pouvait entendre une voix suppliante murmurer “pardon, pardon!” Ces mots semblaient émaner de Thorel lui-même, bien qu’il ne fût pas visible.
Le lendemain, couvert de blessures mystérieuses, Thorel fit une apparition surprenante au presbytère. Il tenta de dissimuler ses plaies sous son chapeau et, dans un geste de désespoir, se jeta aux pieds du curé pour implorer son pardon. Mais le curé, loin d’être touché par ce repentir, le chassa avec trois coups de canne.
La situation ne s’arrêta pas là et gagna en notoriété jusqu’à atteindre les oreilles du juge de paix d’Yerville. Lors du procès, les témoignages se succédèrent, ajoutant à l’affaire une aura de mystère encore plus dense. Un témoin affirma que Thorel avait prédit des événements qui se réalisèrent en l’espace de vingt minutes, tandis qu’un autre évoqua des cailloux qui, lancés par une force mystérieuse, s’arrêtaient net avant de toucher un groupe de promeneurs.
Une autre histoire racontée lors de ce procès prêtait à Thorel un pouvoir presque maléfique : il avait menacé une personne en frappant du poing sur sa canne, lui annonçant qu’elle tomberait à cet instant. Peu après, en effet, le témoin se sentit étranglé, comme par une force invisible, et s’effondra sans pouvoir se défendre.
Le 4 février 1851, le jugement tomba, attribuant la responsabilité de ces événements paranormaux à Thorel. Malgré son attitude de repentance, les preuves de son implication dans des actes nuisibles au curé et aux résidents du presbytère étaient accablantes. Ce verdict, au-delà de son aspect judiciaire, souleva de nombreuses questions sur l’existence de forces inexpliquées et sur la frontière fragile entre croyances populaires et réalité palpable.
Les événements de Cideville restent gravés dans la mémoire locale comme un témoignage de l’énigmatique et de l’insolite, là où la raison cède parfois la place à l’inexplicable.