Dans l’ombre des rues pavées de Bordeaux, sous un ciel d’un gris menaçant, un arrêt de la cour résonnait avec une gravité étrange. Daté du 6 septembre 1603 et cité par Pierre de Lancre, éminent conseiller au parlement, il déclarait la nécessité impérieuse de poursuivre les loups-garous, des créatures aussi énigmatiques que terrifiantes, nommés La Thillaire et Grenier.
Le fils de Grenier, une silhouette frêle et inquiétante, était apparu en audience publique le 2 juin 1603, la terreur inscrite dans son regard. Ses aveux glaçaient le sang : emmené dans une forêt sombre et oppressante, il avait rencontré un cavalier noir, spectre sinistre monté sur un cheval d’ébène, qui lui offrit un baiser d’une froideur mortelle. La suite de son récit semblait sortie d’un cauchemar : transformé en loup-garou après avoir reçu une peau maléfique et des onguents de La Thillaire, le jeune Grenier décrivait des chasses nocturnes aux côtés de son père, marquées par la dévoration d’enfants innocents.
Grenier père, une figure encore plus sombre, aurait reçu son déguisement de loup des griffes de Pierre Labourant, un homme aux allures de dément, enchaîné et rongeant continuellement le fer qui le retenait, vivant dans un antre où des chaudières bouillonnantes cuisaient les restes macabres de leurs victimes. Ces récits, aussi effroyables qu’inimaginables, reflétaient l’atmosphère troublée qui régnait dans le Bordelais, annonçant la sinistre enquête ordonnée par Henri IV en mai 1609 contre les sorciers et leurs sombres rituels.