Au cœur de la Chapelle-Largeau, une bourgade nichée entre les collines et les vallées verdoyantes, se trouve une fontaine légendaire qui captive l’imagination des habitants. Connue sous le nom de la Fontaine des Farfadets, elle repose au pied d’imposants rochers, entourée d’une aura de mystère aussi dense que les brumes matinales. Cette fontaine est enveloppée dans des histoires de miracles et de rencontres inattendues avec des créatures espiègles : les farfadets.
Ces petits êtres, malicieux et fripons, aiment à se promener dans la lande avoisinante, surtout à la tombée de la nuit. Alors que le crépuscule teinte le ciel de couleurs pastel, ils se faufilent hors de leur repaire secret pour jouer des tours aux villageois. Perchés sur les cheminées des maisons, ils s’amusent à faire tomber de la suie dans les poêles, perturbant ainsi les préparations culinaires des ménagères attentives.
Leur audace ne s’arrête pas là. Une fois la veillée terminée et les habitants plongés dans le sommeil, ces esprits facétieux glissent silencieusement auprès des fileuses. Ils s’amusent à taquiner les femmes, surtout celles d’un certain âge ou moins gracieuses, et à flirter avec les jeunes filles, leur murmurant des compliments et des mots doux, audacieusement invisibles.
Un soir, lasse de leurs frasques et déterminée à mettre fin à ces visites importunes, une fermière du village concocta un piège ingénieux. Elle disposa autour de la cheminée de sa maison des trépieds et des chaufferettes de terre cuite, qu’elle avait préalablement chauffés à blanc et surmontés de barreaux de fer rougis au feu. Les farfadets, confiants et habitués à leur routine, s’installèrent sans méfiance sur ces sièges brûlants.
Leur réaction ne se fit pas attendre : à peine eurent-ils touché les sièges incandescents que, surpris par la chaleur insoutenable, ils bondirent en hurlant de douleur. Leur cri, un mélange de surprise et de souffrance, résonna dans la nuit : « Cul brûlé ! Cul brûlé ! » Terrifiés et marqués par cette leçon, ils disparurent dans la lande, laissant derrière eux un silence soudain et des murmures de légendes qui perdurent encore.
Depuis ce jour, les farfadets se montrent moins audacieux dans leurs visites nocturnes. Les habitants de la Chapelle-Largeau, tout en continuant de respecter ces créatures de folklore, racontent avec un sourire cette mésaventure qui a tempéré les ardeurs des espiègles farfadets. Les soirs de grand vent, certains jurent encore entendre leurs plaintes lointaines, rappel des nuits où un simple siège pouvait se transformer en piège flamboyant.