Au cœur des Ardennes, dans le paisible village de Monthermé, une légende fascinante se murmure encore au creux des vallées boisées. Près des rapides de Phade, une roche imposante connue sous le nom de la Roche du Diable ou Roche du Tombeau garde en son sein des échos d’un passé mystérieux.
Tout commence lorsqu’un homme en tunique de pèlerin arrive à Monthermé. Ce n’était autre que Jésus, cachant son identité. Sur sa route, il croise le Diable, prêt à défier quiconque en passant près du promontoire du Fay.
Un défi est alors lancé. « Dressons des quilles sur le roc de la Tour et voyons qui est le plus fort ! » propose Jésus. Le Diable accepte. Il lance sa pierre, un bloc de poudingue massif, mais manque son coup. La roche tombe dans la vallée et devient ce que l’on appelle aujourd’hui la Roche du Diable. Jésus, lui, abattit toutes les quilles d’un seul jet, réduisant en poussière le château du Diable. Défait et humilié, ce dernier disparut dans les profondeurs de la terre. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
Des années plus tard, deux amants, Odette et André, furent frappés d’un destin tragique au pied de cette même roche. André, follement épris d’Odette, avait vendu son âme au Diable pour conquérir son cœur. En échange, il s’était engagé à ne jamais l’embrasser après le chant du coq. Mais une nuit, emporté par la passion, il brisa sa promesse. Le Diable, furieux, fit s’écrouler la Roche du Diable sur le couple, les ensevelissant pour l’éternité.
Depuis, lors des nuits d’orage, les habitants disent entendre des soupirs et des gémissements s’échapper de la roche. Certains jurent que c’est André, rongé par les remords, qui pleure sa faute, tandis qu’Odette pousse des soupirs d’amour perdu. Ainsi, la Roche du Diable reste le témoin silencieux de ces drames anciens. Est-elle une simple curiosité géologique ou un lieu maudit ? Une chose est certaine, ceux qui osent s’en approcher lors des tempêtes ressentent encore la présence de ces âmes tourmentées.