Entre la Loire et la forêt domaniale d’Amboise, Mesland est un paisible village niché dans le département de Loir-et-Cher. Pourtant, derrière ses vignes et ses ruelles tranquilles, une légende tenace enveloppe ce lieu d’un voile d’inquiétude.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, une croyance étrange agitait ses habitants. On racontait que les villageois de Mesland détenaient un pouvoir singulier : celui de détourner les orages destructeurs. Dès que le ciel s’assombrissait et que les éclairs menaçaient les récoltes, une scène digne d’un conte fantastique se déroulait.
Par certaines nuits d’été, au milieu des grondements du tonnerre, les cloches de l’église sonnaient à toute volée. On voyait alors les femmes du village, pieds nus, en chemise et les cheveux défaits, se précipiter vers l’église. Le visage tendu et la voix tremblante, elles tiraient frénétiquement sur les cordes des cloches en criant : — Veux-tu t’en aller, mauvaise nuée ! Va crever ailleurs !
On entendait aussi des invectives lancées contre les villages voisins : Seillac, Chambon, Coulanges ou encore Onzain. Comme si ces prières sonores pouvaient détourner la grêle ou l’inondation vers d’autres terres. Cette pratique, quoique désespérée, semait la terreur dans les environs. Les habitants des villages voisins murmuraient que les gens de Mesland étaient des sorciers. — Mesland sonne, on va grêler ! Que le diable les brûle !
Deux dictons circulaient alors. Le premier affirmait que « le vent qui souffle de Mesland est un mauvais vent », et le second, encore plus acide, disait qu’il n’y avait « à Mesland ni bon vent ni bonnes gens ». Ces histoires traversèrent les générations, alimentant les craintes et la méfiance. Si les cloches ont cessé de retentir pour éloigner les nuages, le mystère, lui, plane toujours au-dessus de Mesland.
Aujourd’hui encore, certains visiteurs scrutent les cieux en quête d’un signe ou tendent l’oreille, espérant entendre l’écho lointain de ces sonneries paniquées.