Nichée au cœur des Alpes françaises, Chambéry est une ville dont les origines se perdent dans un mélange fascinant de légendes et d’histoires. Laissez-moi vous raconter l’une des plus intrigantes, un récit qui oscille entre mystère et réalité, où chats féroces et écrevisses jouent les premiers rôles.
Il fut un temps, pas si lointain, où les historiens ne s’accordaient pas sur la fondation de Chambéry. Deux versions se disputaient la vedette. L’une parle d’un chat gigantesque, presque diabolique, qui semait la terreur au passage du mont Muni. Les voyageurs tremblaient à l’idée de croiser sa route. Parmi eux, un homme, Berius, armé de courage et d’une épée tranchante. En route vers l’Italie, il faisait partie des valeureux compagnons du roi Artus. Face au chat monstrueux, Berius ne faiblit pas. D’un geste sûr, il libéra le passage du mont en tranchant la tête de la bête. Reprenant son souffle, il s’émerveilla devant la splendeur de la plaine qui s’étendait à ses pieds. Décidant d’y laisser une trace de son passage, il fonda une ville, baptisée Campus Berii en son honneur, aujourd’hui connue sous le nom de Chambéry.
Mais voilà, tous ne trouvent pas cette explication à leur goût. Le Père Jacques Fodéré, érudit du XVIIe siècle, penche pour une origine bien différente. Moins épique, peut-être, mais non moins fascinante. Selon lui, le nom de Chambéry puise ses racines dans un mot savoyard, Chambéro, et dans l’écrevisse, un habitant fréquent des eaux locales. Il raconte même qu’à l’époque, lorsqu’on creusait une tombe dans l’église Saint-François, l’eau claire jaillissait, accompagnée d’une multitude d’écrevisses.
Face à ces histoires, on a fini par adopter une version plus sage pour expliquer l’origine de Chambéry. On enseigne aux enfants que le nom viendrait de Cambariacum, le domaine d’un certain Cambarius, un nom qui a traversé les siècles jusqu’à nous, évoquant toujours l’écrevisse dans la langue de nos voisins italiens.
Ces récits, qu’ils parlent de batailles héroïques contre des créatures mythiques ou de l’étonnante présence d’écrevisses dans des lieux sacrés, tissent le riche tapis historique de Chambéry. Ils nous rappellent que, derrière les noms des lieux que nous prenons parfois pour acquis, se cachent des histoires capables de nous transporter bien au-delà des montagnes qui veillent sur la ville.