Dans les ruelles sombres et sinueuses de Béziers, une légende ancienne murmure à l’oreille des curieux. Saint Aphrodise, patron de cette ville, était autrefois un haut dignitaire égyptien. Sa mémoire est honorée par une tradition énigmatique et envoûtante, où un monstre de bois et de toile prend vie lors de fêtes populaires.
Ce n’est pas un simple chameau, mais une créature fabuleuse, recouverte de toile peinte, transformée en un monstre processionnel, éveillant un sentiment d’étrange et de mystique. Lors de la Caritach, au jour de l’Ascension, ce chameau, un immense mannequin de bois, parcourt la ville. Sa tête longue et articulée semble observer la foule, tandis qu’il est guidé en grande cérémonie.
Autour de lui, une scène surréaliste se déploie. Des individus déguisés en sauvages, drapés de feuillages verts de sureau, équilibrent des pains sur leurs têtes. Telle une danse rituelle, des bergers simulent un combat autour de l’effigie, tandis que des chars dispersent des ondées rafraîchissantes sur la foule.
Le chameau, détruit pendant la Révolution et ressuscité, puis disparu en 1830, revit aujourd’hui, symbole d’une tradition immortelle. Les détails de ce monstre processionnel évoquent un culte ancien et mystérieux, avec des sauvages portant des coquilles d’escargots vides, réminiscence d’un rituel oublié. Et au cœur de cette énigme, la mâchoire du chameau, surnommée gnico-gnaco, actionnée par les porteurs, s’ouvre et se ferme, comme si elle chuchotait les secrets d’un passé lointain.
Cette scène, entre mythe et réalité, offre une fenêtre sur un monde où le folklore se mêle à l’histoire, où le mystère enveloppe chaque pierre et chaque ruelle de Béziers, invitant l’imaginaire à s’envoler vers des récits inexplorés.