Dans le paisible village d’Anzème, le désir de posséder un pont à l’abri des crues était profondément enraciné dans le cœur des habitants. L’ancien pont, construit en des temps lointains par les Romains, vacillait dangereusement, menaçant de s’effondrer à tout moment. Cependant, aucun entrepreneur n’osait entreprendre la tâche périlleuse de le remplacer.

Un jour, un mystérieux inconnu se présenta, son regard pénétrant captivant l’attention de tous. Il offrit de bâtir un nouveau pont en une seule nuit, à condition que la première âme à le traverser lui soit offerte en échange. Pour prouver sa puissance, il saisit une poignée de braises rougeoyantes de la cheminée, les transformant en pièces d’or étincelantes.

Fascinés par ce prodige, les notables d’Anzème acceptèrent l’accord avec réserve. La nuit avança rapidement, et au matin, le village fut émerveillé par le pont fraîchement construit. Toutefois, une unique pierre manquait à l’appel, car le diable ne placerait pas la dernière pierre avant d’avoir acquis l’âme promise. La peur régnait, et personne n’osait s’aventurer sur le pont inachevé.

Face à cette impasse, les villageois décidèrent de sacrifier un chat, qu’ils lâchèrent sur le pont. Le diable accepta ce substitut et fit disparaître la dernière pierre manquante. Le curé bénit le pont, chassant ainsi le diable loin du village. La dernière pierre fut enfin posée, scellant le pacte mystérieux.

Cependant, une version alternative de l’histoire raconte que le diable avait abordé une jeune fille du village. Il lui proposa de construire le pont en échange de son âme, avec une condition : le pont devait être terminé avant que le coq ne chante. En signe de sa promesse, il lui offrit une bague d’une beauté éblouissante. La fille, cédant à la tentation, se rendit au poulailler et, portant la bague, attendit que le coq chante.

Soudain, le coq, aveuglé par l’éclat de la bague, chanta prématurément. Le diable, furieux et trompé, s’évapora avant de placer la dernière pierre du pont. Le meunier, heureux d’avoir son pont, gagna en fortune, mais sa fille fut marquée à jamais par son pacte avec le diable, devenant la “fiancée du diable” que personne n’osait épouser. Une immense pierre se dresse encore aujourd’hui sur le pont, témoin de ce mystère centenaire, parfois ébranlée par les crues de la Creuse, mais résistant toujours.

Ces récits fascinants d’accords avec le diable et de ponts miraculeux sont ancrés dans l’histoire d’Anzème, gardant précieusement leur part de mystère et d’enchantement.

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