Selon une légende ancestrale, le Kindelsbrunnen, un puits antique, possédait un lien énigmatique avec un lac souterrain empli de soufre et de bitume, un marais infernal dont nul ne connaissait l’étendue. On racontait que l’accès à ce labyrinthe souterrain se trouvait dissimulé dans les entrailles d’une vieille maison, juste en face de la majestueuse cathédrale. Cependant, ceux qui avaient tenté d’explorer ces sombres galeries n’en étaient jamais revenus, engloutis par les ombres impénétrables de l’abîme.
Au temps du règne de Louis XIV, un soldat, animé d’une insatiable curiosité et bravoure, osa défier l’inconnu en se lançant à la découverte de ces ténèbres insondables. Sa silhouette disparaissant peu à peu dans les profondeurs, des murmures troublants émanèrent du gouffre, accompagnés de plaintes déchirantes. Pendant deux jours entiers, les gémissements du soldat résonnèrent, plongeant la ville dans un état d’effroi mêlé de fascination. Puis, dans un dernier souffle de voix, il prononça ces mots empreints d’une terreur indescriptible : « Au nom du ciel, bouchez ce puits ! Et que nul homme ne suive jamais mon funeste exemple ! »
Face à l’énigme qui se jouait sous leurs pieds, les habitants décidèrent d’obtempérer. L’entrée du gouffre fut scellée, cachant ainsi le mystère à jamais. Depuis lors, son emplacement véritable demeure un secret perdu dans les tréfonds de l’histoire. Cependant, le passage des années n’effaça pas l’aura sinistre qui planait autour de ce lieu maudit. De temps à autre, lorsque la nuit s’installait sur la ville, les âmes inquiètes qui cheminaient près de la cathédrale pouvaient encore entendre d’étranges grondements, accompagnés de lamentations éplorées qui semblaient s’élever des profondeurs interdites.
Les récits du passé se transmettaient de génération en génération, nourrissant les imaginations et entretenant la fascination pour cette histoire mystérieuse. Certains prétendaient avoir entrevu, dans les recoins obscurs, des lueurs fugaces, telles des feux follets, tandis que d’autres affirmaient que des soupirs éthérés leur glaçaient l’échine lorsqu’ils passaient près du maudit puits.